• Franz Schubert

     

     

      

     

     

    Franz Schubert

     

    Franz


    Si ta symphonie
    Est inachevée
    Que dire d'une vie
    De si peu d'années
    Lorsque le génie
    Permet de rêver
    L'enfance éternelle
    Ô Franz
    Quelle femme entend
    Ta chanson d'amour
    Ça parait si court
    Trente et un printemps
    C'est si peu de jours
    Pour un coeur si grand


    Vienne est loin mais le vent
    Se souvient d'un enfant
    Qui rêvait à Mozart
    Au succès à la gloire
    Éternel magicien du hasard


    Franz
    Si ta symphonie est inachevée
    Tu vis ta folie dans l'éternité
    Là ou l'harmonie
    Et la vérité sont encore plus belles

    Ô Franz
    Entends-tu parfois
    Ceux qui croient au ciel
    Ceux qui n'y croient pas
    Les paiens fidèles
    Les chrétiens sans croix
    Chanter l'immortel
    Ave Maria

     

    chanté par

    Nana Mouskouri

    d'après L'Adagio Notturno

    de Franz Schubert

     

     

    Franz Schubert

     

     

    Franz Schubert

     

     

    Voici quelques extraits

    tirés du

    Dictionnaire des amoureux

    du Piano

    auteur: Olivier Bellamy

     

    Franz Schubert

     

     

     

    Franz Schubert

     

    "Schubert n'a vécu que pour la musique,

    dans un tout petit cercle d'amis qui l'adulaient.

    L'infiniment grand dans l'infiniment petit,

    tout le mystère et le paradoxe de Schubert sont là.

     

    L'infiniment grand, c'est son inspiration,

    ce sont ses "divines longueurs", 

    ses digressions intéressantes,

    c'est la somme de ses oeuvres innombrables,

    c'est son coeur et son âme si vastes.

     

    L'infiniment petit,

    c'est sa personnalité timide et humble,

    la forme du lied 

    (Chanson ou mélodie populaire allemande)

    dans laquelle il glisse une symphonie,

    son espace circonscrit à Vienne, son piano

    les cafés et son lit,

    c'est sa vie si courte.

     

    Le temps et l'espace changent à partir de Schubert.

    Il n'invente pas la relativité, il la vit, il l'incarne, il l'éprouve.

    Il n'a pas conscience de son génie.

    Il a vécu dans la pénombre, entre le majeur et le mineur.

    Schubert ne revendique rien.

    Il chante. Il vole sans jamais se poser,

    comme le martinet.

    Compose la nuit, le jour, toujours.

    Il s'endort avec ses lunettes au cas où

    une idée lui viendrait dans son sommeil.

     

    Que Schubert ait été intimidé par le génie de Beethoven

    cela ne fait pas l'ombre d'un doute.

    Beethoven oppose des thèmes, fissure le noyau,

    fait exploser la forme.

    Schubert chante, tourne en rond comme un derviche et...

    dissout le temps.

    Schubert donne l'impression d'hésiter sans cesse,

    d'avoir l'éternité devant lui.

    Il joue avec l'ombre et la lumière du mineur et du majeur.

    Schubert nous rend la fraîcheur d'une mélodie attendue

    d'autant plus impatiemment qu'elle est sublime de beauté

    et qu'il nous en a privés pour se livrer

    à une étrange exploration souterraine.

     

    Il se perd parfois en route,

    et nous ne lui en voulons pas,

    nous nous égarons avec lui

    oubliant l'heure qu'il est, le temps qu'il fait

    et le but du voyage.

    Il nous promène au bord de l'abîme

    sans jamais nous lâcher la main.

    C'est une promenade intime

    dans les méandres de l'être vécues

    avec une inépuisable  fraîcheur d'âme,

    une spontanéité d'expression.

    Schubert lit en nous.

    Il nous comprend, il s'attarde avec empathie et tendresse

    sur nos ratés, nos échecs, nos pauvres vies,

    et nous révèle un paradis perdu, 

    celui de notre innocence,

    qui seul nous arrache un sourire de bien-être.

    Beethoven nous élève au rang de surhomme,

    Schubert donne du génie à notre insignifiance.

     

    Et, à la fin, lorsque le temps lui est compté,

    il trouve tout.

    Un premier chef-d'oeuvre: 

    La Sonate no 14 en la mineur D 784

    Schubert n'hésite plus, 

    il touche le fond du désespoir et nous bouleverse.

     

    Et puis l'extraordinaire Sonate no 18  en sol majeur D 894.

    Nous sommes dans la pure contemplation,

    dans le Schubert complet, abouti,

    dans un monde de sensations si subtiles, si complexes

    et pourtant naturellement exprimées 

    que lui seul en possède le secret.

     

    Et puis la musique trouve à travers lui,

    les anges parlent à sa place (D 960).

    Cette sublime Sonate no 21 en si bémol majeur

    est parfaite sur le plan formel.

    C'est l'une des deux ou trois oeuvres

    de toute l'histoire de la musique  à laquelle on pense

    au moment de mourir

    et que l'on souhaite réentendre une dernière fois.

     

    La Sonate D 960 est très longue

    et pourrait durer bien plus longtemps

    sans jamais nous lasser.

    L'andante sostenuto en ut dièse mineur

    nous entraîne de l'autre côté du miroir

    avec sa plainte d'Orphée déchirante 

    et l'incroyable courage avec lequel

    Schubert ramasse les lambeaux épars de la mélodie

    pour les recycler à nouveau dans un murmure ébloui et confiant

    vers une marche au tombeau qui pèse de moins en moins,

    qui s'élève de plus en plus 

    et qui se dissout dans l'air doux 

    et mystérieux du soir naissant.

     

    Et il n'a que trente et un an 

    lorsqu'il écrit cet immense poème.

    C'est unique dans l'histoire de la musique,

    ce mélange de populaire et de métaphysique,

    de chant infini et de génie à l'état pur.

     

    On raconte (vrai ou faux, quelle importance, 

    c'est si beau)

    que Beethoven aurait dit à la fin de sa vie,

    après avoir totalement  ignoré Schubert qui,

    lui, l'idolâtrait: 

    "Il y a une étincelle divine chez ce Schubert"

    Il aurait dit aussi: "Un jour, celui-ci me surpassera."

    Timidement, fraternellement, Schubert n'aurait pas même

    songé à la chose en ces termes.

    Le haut, le bas, le plus, le moins, le fort,le faible,

    ce sont des valeurs qui ne lui ressemblent pas,

    qui ne le concernent pas.

    Schubert dissout les hiérarchies, 

    et les rend caduques, anecdotiques.

    À une telle hauteur, 

    on ne sais plus où l'on est, d'où on vient,

    s'il fait chaud ou s' il fait froid,

    si l'on est mort ou vivant.

    On est pour l'éternité

     

     

     

     

     

    Sonate de Schubert no 21 en si bémol major

    D 960

     

    Franz Schubert 

     

     



     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    « L'heure roseCherchez moi dans le souffle »

  • Commentaires

    1
    Une âme frère
    Lundi 19 Novembre 2018 à 22:17

    Cette description de Franz est une éloge inouïe d’un personnage unique,

    Franz est un être exceptionnel que nous découvrons ensemble.

    et j’en suis honoré à tout jamais.

    Mouskouri a su nous en rapprocher avec toute sa douceur par sa voix.

    Merci

      • Mardi 20 Novembre 2018 à 00:43
        Yabaly

         

        Oui tu as raison...C'est vraiment par Nana Mouskouri que j'ai eu le goût goût d'aller plus loin!

        Et j'ai la chance d'avoir 

        "Ce dictionnaire pour les amoureux du piano" que Johanne m'a offert il y a quelques années.

        J'ai dû, comme de raison, ne tirer qu'une partie du très long texte que l'auteur nous offre...mais avec tant de plaisir et d'émotions!

        Je suis sincèrement très heureuse que tu y aies trouvé autant de plaisir que moi!

        Et pour une fois, je ne tenterai pas de trouver une partition...^^

         

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